ALICE COOPER (critique CD)

Publié le par MEL DELACROIX

ALICE IN WONDERLAND

 

 

 Detroit, Michigan, la tôle et la taule, les fumées d'aluminium rendent par ici l'air irrespirable. Le futur déjà mort-né, juste besoin d'horizon. Certains inventeront un son apocalyptique et se perdront dans des lignes de coke trop pures (Iggy & the Stooges), d'autres se grimeront, convoquant les esprits sous le regard bienveillant de maman et imposeront á la face du monde une entité cauchemardesque .

Son nom ? ALICE COOPER.

Choquer le monde.

 Vincent Damon Furnier va irriter de sa voix nasillarde les parents trop WASP pour être honnêtes et inonder de scies musicales les seventies, eternel adolescent en colère, mais non-dupe, jouant à se faire peur mais se preservant avec intelligence un avenir doré.

Parodies d'executions, mutilations et delabrements de poupées en plastique, sang et sueur, ce combo interpelle Zappa qui le prendra sous son aile sur son label Straight pour deux premiers albums à tendance psychedelique (" Pretty for You" et " Easy Action" en 1970).

Le succes tardant, Vincent Furnier s'approprie completement son doppleganger, double maléfique et "devient" Alice Cooper. Le mal est fait.

" Une dague portée au coeur de la génération de l'Amour", voilà ce que prõne Alice.

Bob Ezrin (21 ans) sera le detonateur, dépéché mollement par son boss Jack Richardson, qui s'en lave les mains. Alice Cooper, trop moche, trop sale, trop incontrolable...

"I'm Eighteen" devient l'hymne que n'aurait pas renié les Who et rend completement hysteriques les hordes de jeunes ados  qui trouvent en cet epouvantail bruyant l'exutoire parfait à leur mal-être.

Bien plus tard, un certain Kurt Cobain trouvera aussi le chemin de leurs coeurs...

Le son s'en ressent, devient plus lourd, menaçant. Et le visuel n'est pas en reste. Le monstre est prêt à mordre.

Suivent alors plusieurs galettes ferocement delectables, aux tubes intemporels et imparables ("Under my Wheels", "School's Out", "No More Mr Nice Guy" etc...). Rien à dire, les 70's seront magiques mais un cauchemar pour l'Amerique...

1975, " Welcome in my Nightmare", 8eme album, et le "Rock n' Roll Animal" de Lou Reed a laissé des traces dans l'inconscient collectif...Steve Hunter (guitars), Dick Wagner (guitars) et John Prakash (basse) seront convoqués pour donner vie à ce concept-album, oeuvre narrant les cauchemars d'une Alice en totale maitrise de son art. Vincent Price y viendra graver de son profond timbre quelques sombres mots...L'album est une absolue reussite et offre au chevelu au rictus sadique ses derniers grands émois artistiques avant longtemps, malheureusement...les années 80 n'auront aucune pitié et relegueront Alice Cooper et son theatre de marionnettes au simple rang d'attraction kitsh...

Une page vient de se tourner, laissant une epoque exangue mais qui aura magnifiquement offert à tous ses enfants vie, inspiration, et talent.

Nous passerons sous silence (géné...) les années suivantes, l'oeuvre "Cooperienne" etant souvent aux abonnés absents durant ces 9 albums mediocres (notons la sympathique mais toujour anecdotique participation à la B.O. de Vendredi 13, " The man behind the mask") pour enfin retrouver au plus haut niveau (et ce grace à une nouvelle generation de petits hardrockers ennamourés dont on citera Jon Bon Jovi, Nikki Sixx et pour les plus edentés, Steven Tyler ou le lunaire Ozzy) deux excellents albums pétris de tubes qui feront les beaux jours de toutes les MTV du monde.

" Trash" (1989) et " Hey stoopid" (1991) raviveront la flamme et ALICE COOPER retrouvera alors tout son mordant, surfant entre 1994 et 2005 sur les modes musicales du moment, indus' par là, rock garage par ici...

Le monde change et Vincent Furnier même très assagi sent dans ses tripes le feu bouillir, et enfin pactise avec lui-même pour assumer et assurer ce qu'il est en definitif, une bête á spectacles, un monstre de foire, l'eternel rebus...Oubliant alors pour un temps les apparitions cinematographiques et televisuelles ( Prince des Tenebres ou encore Monk...), desertant les terrains chéris de golf (son envahissante passion), celui qui a inspiré Johnny Rotten retourne à ses fourneaux, non pas pour  y elaborer un merveilleux gateau cremeux mais plutôt pour y carboniser quelques jeunes innocentes âmes...

Cooper renait aux yeux de nombreux fans et l'excellent "Among Came The Spider" (2008) laisse presager un venérable retour aux sources, album baignant dans un feeling trés vintage, aux compositions cette fois-ci inspirées, cyniques avec toujours cette touche de second degré rafraichissant. Slash y viendra même illuminer le tout premier single volontaire, " Vengeance is mine" (au clip attractif).

L'amoureux des Yadbirds, Animals ou encore  des Kinks, le pourfendeur des ligues bien-pensantes, à 63 ans n'a pas encore fini de nous etonner...

Septembre 2011, qui l'aurait cru...?

 Voici donc le retour du precheur fou, du malade mental avide de nouvelles sensations, , du croqueur de poulet (bien avant Ozzy...), du legendaire musicien qui nous a donné tant et tant de bons souvenirs (et de cauchemars aussi...).

He's back !

 Et il le prouve avec sa nouvelle offrande sobrement intitulée "Welcome 2 my Nightmare", suite immédiate de son chef-d'oeuvre de 1975 avec aux manettes le "song Doctor" Ezrin et une palette de bons amis dont Denis Dunaway, Michael Bruce et Neal Smith, Desmond Child, et dans le registre plus- eclectique- que- moi- tu- meurs la peroxydée et talentueuse kesha, qui participe à cet album "creepy" et  qui assurement ne fait aucunement tache dans l'oeuvre tourmentée du sieur Alice.

"Welcome" part 2 donc. Et quelle claque.

Clairement, on le sentait depuis le precedent mais Alice retrouvait le chemin du pays des merveilles. Cette touche vintage appuyée et reussie promettait le meilleur. Dont acte.

Quelques legères touches de piano et la voix fantomatique resurgit du trefond de notre memoire. Alice Cooper puissant, nostalgique mais s'armant d' auto-tune (yes !) pour s'inscrire dans la modernité, un grain proche de la perfection quand aux souffles, ce " I am made Of You " est une totale reussite,  sublimée par un "Floydien" solo de guitare, qui nous cloue devant tant de beauté. Un hit en puissance. Et déjà on se sent rassuré...

"Caffeine" deroule son rock tel une autoroute, on y croise cette nonchalance propre aux seventies, morceau immediat, entrainant, comme il doit en pondre des tonnes les yeux fermés...

Ambiance comptine enfantine, ce maudit piano toujours, malsain, insidieux..."The Nightmares returns" pose les fondamentaux, et annonce en 1mn14 que le cauchemar est loin d'être fini...

La locomotive qui déboule à la suite confirme notre jugement ("Runaway train"), Alice est vêtue de ses plus rutillants vetements, "Wham Bam Thank You Mam", le dernier homme sur terre ce sera lui, sans aucun doute. Il finira peut-etre dans un cabaret mais toujours avec classe ("Last Man Of Earth).

A terre le violin, déchiré le lourd rideau rouge, "The Congregation" se veut plus "british" dans le propos, un Oasis plus lourd de quelques kilos de barbaque,  en somme. Belle reussite.

Les Stones sont morts ? Alice is Alive, and Well. Demonstration parfaite avec un "I'll Bite Your Face On" stonien en diable, rythmique ad-hoc, phrasé "lippien", tout y est parfait, le feu sacré brule toujours. Une tuerie à l'ancienne.

L'ovni de l'album, le delire assumé (en meme temps, Alice Cooper Est un delire !), sans doute le morceau le plus faible et inutile de cet album jusqu'à là quasiment parfait, ce " Disco Bloodbath Boogie fever" avec ces coeurs qu'on imagine echappés d'une Armée Rouge anorexique, finalement aère sympathiquement l'oeuvre, et les solis de guitares déchainés rendent trés vite le sourire.

"Ghouls Gone Wild" garde la même volonté que le precedent morceau et digne rejeton issu de la surf-music, apporte fun et decontraction dans le dedale du cerveau dérangé du maitre d'oeuvre.

Toujours cette charmante touche vintage dans la superbe ballade "Something To Remember Me By", selon le sieur Furnier, une de ses plus belles compositions mais juste un peu trop courte à mon humble goût.

La batterie lourde martelle et la voix se fait vicieuse, le démon est de retour. " When Hell Comes Home" se veut menaçante et arrache quelques tremblements. La production limpide fait decidemment honneur`aux vocalises d'Alice, reellement au top. On sent ici un groupe soudé, volontaire, affamé.

Affamé est le morceau le plus "pop" du concept qui voit surgir la talentueuse Kesha, et ce "What Baby Wants" pourrait même trouver les chemins des FM les plus hermetiques. Un pari osé mais qui fonctionne. Rafraichissant.

Le toscin, sombre mais menteur, la partie suivante se veut plus enjouée. " I Gotta Get Outta Here" annonce le reveil, l'aube pointe, les choeurs celestes ensoleilleront nos nuits, finalement, il n'y aura plus rien à craindre...vraiment...?

"The Underture", épilogue musical ou voyage dans le temps, scelle avec maestria un album de haute tenue, dans lequel on a joie de retrouver notre vieille mascotte Alice, gardienne de nos plus coupables plaisirs, architecte des chateaux hantés de notre jeunesse, amie fidèle depuis plus de 35 ans...

Ne vous meprenez pas, "Welcome 2 my Nightmare" est une invitation, une accolade, une promenade nostalgique au pays du merveilleux, aux cotés d'un des plus grands artistes de sa generation (Bob Dylan le loue), et qui comme Peter pan, jamais ne vieillira.

Et prendra toujours soin de nous.

It's good to see you, Alice Cooper !

 

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Too Much Class For The neighbours

 

Detroit, Michigan, the steel  and the jails, the fumes of aluminum make here unbreathable air. The future already stillborn, just need to horizon. Somebody watch an apocalyptic sound, and will lose in lines of too pure coke (Iggy & the Stooges), others take masks, summoning the spirits under the sweet eyes of Mama and will impose to the world a nightmarish entity. His name? ALICE COOPER. Shock the world !

Vincent Damon Furnier will irritate his nasal voice parents, WASP, to be honest and flood of musical saws of the seventies, Lord young person in anger, but non-dupe, playing to fear but to preserving with intelligence a Golden future. Parodies of executions, mutilations and blood, sweat and plastic dolls, this combo calls Zappa and will take him under his wings on its Straight label for two albums with trend psychedelic (“Pretty for You” and “Easy Action” in 1970). The successful delaying, Vincent Furnier appropriates completely his doppleganger, double evil and “becomes” Alice Cooper. Evil is done.

“A dagger to the heart of the generation of love”, this is what propones Alice. Bob Ezrin (21 years) will be the detonator, sended  half-heartedly by his boss Jack Richardson, who is washing his hands. Alice Cooper, too ugly, too dirty, too out of control…
“I m Eighteen” became the anthem that would have not renounced the Who and makes it fully “hysteriques” the hordes of young teens who are in this noisy scarecrow outfall, perfect in their evil being. Later, a certain Kurt Cobain will also find the path to their hearts… The sound is felt, becomes heavy, threatening. And the Visual is not at rest. The monster is ready to bite. Nothing to say, the 70′s will be magical but a nightmare for America…

1975, “Welcome in my Nightmare”, 8th album, and the “Rock ‘n’ Roll Animal” Lou Reed has left traces in the collective unconscious…Steve Hunter (guitars), Dick Wagner (guitars) and John Prakash (bass) will be summoned to give life to this concept-album, narrating the nightmares of Alice, in total control of his art. Vincent Price there will come to burn a few dark words of deep voice…The album is an absolute success and offers to the scalp a sadistic “rictus”… then unfortunately the 1980s will no have pity for Alice and let him and his theatre of puppets to the single rank of attraction kitsh…

We move in silence the following years… jumping into this century… when Alice Cooper was reborn in the eyes of many fans with his excellent “Among Came The Spider” (2008), always cynical with the touch of second degree cooling.  The lovers of Yadbirds, Animals or even some Kinks, the slayer of high-minded leagues, at 63 years Alice has not yet finished to amaze us…

September 2011, who would have thought about it…?

Here’s the return of the “crazy moralizer”, the new avid sensations of mentally ill, the “chicken-eater” (well before Ozzy…), the legendary musician who gave us so much and so many good memories (and nightmares also…). He’s back! And he proves us with his new soberly titled “Welcome 2 my Nightmare”, an immediate result of his 1975 masterpiece with the Producer, co-writer and mixer, Bob Ezrin, and a range of good friends including Denis Dunaway, Michael Bruce, and Neal Smith, Desmond Child, and many more.

“Welcome” part 2 therefore. And what a slap.
Clearly, it was felt since the previous one but Alice was and is the Wonderland. This vintage gives what it promised: the best! Some sweets keys of piano and ghostly recessional voices from our deeper memory. Alice Cooper is powerful, nostalgic but arming of auto-tune (yes!) to enter modernity, a grain close to perfection when he murmurs “I am made Of You”, it is a total success, fumed by a “Floydien” solo guitar, who nails in us so much beauty. A power hit. And already it feels reassured… “Caffeine” taking his rock on a highway, it crosses this nonchalance to the seventies, immediate song, as it must be listened laid down with the eyes closed…

Atmospheric children rhythms, the always cursed piano, unhealthy, insidious… “The Nightmares returns” is the fundamental, and Announces in 1 mn 14 that the nightmare is not at all finished… The following confirms our judgment (“Runaway train”), Alice is wearing his most rutillants clothes, “Wham Bam Thank You Mam”, the last man on earth will be him, no doubt. It will end up in a cabaret but still with style (“Last Man Of Earth”).

Buried the violin, torn the heavy red curtain, “The Congregation” is more to “british” in the comments, a heavier Oasis of few kg of muscles. Beautiful success. The Stones are dead? Alice is Alive, and  feel Well. A perfect demonstration with “I’ll Bite Your Face Off”, rhythmic ad – hoc, everything is perfect, the sacred fire burns always. A killer.

The “UFO” of the album, no doubt, the most low and unnecessary song is “Disco Bloodbath Boogie fever” with these hearts that we imagine in an anorexic and escaped Red Army, and finally sympathetically aerated artwork, and furious guitars solos make you quickly smiling. “Ghouls Gone Wild” keeps the same desire that the previous song and is worthy an offshoot surf music, and it brings fun and decontraction in the maze of disturbed brain of a project manager.

This charming vintage touches with the superb ballad “Something To Remember Me By”, according to the Mr. Furnier, one of his finest compositions but just a little too short for my humble tastes. Martial heavy drums and the voice are vicious, the demon is back. “When Hell Comes Home” is threatening and pulling a few earthquakes. Clear production honour is the vocalizations of Alice, truly at the top. Here, one feels a welded, voluntary, and a hungry band.

The most “pop” song of the concept, which sees arising the talented Kesha, is “What Baby Wants” and it may even find the way to the most hermetic FM. A daring but bet that works. Refreshing. The tocsin, dark but liar, the next one is more playful. “I Gotta Get Outta Here” announces the alarm, Dawn points, where heavenly choruses shine above our nights, and finally I ask, if there will be nothing to fear… really…? “The Underture”, a musical epilogue or travel in time, sealed with high maestria of this album, in which it was a joy to find our old mascot Alice, the guardian of our guilty pleasures, the architect of the haunted castles of our youth, a faithful friend for more than 35 years…

Don’t take the wrong road, “Welcome 2 my Nightmare” is an invitation, a hug, a nostalgic walk to the Wonderland, alongside of one of the greatest artists of his generation (Bob Dylan lauds him), and who, as Peter Pan, never gets old, and who will always take care of us. It’s good to see you, Alice Cooper!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Critique CD

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